Drop de béton et le SAM emploi ont uni leurs forces pour aider Anissa Douaifia, en situation précaire, à retrouver un logement et un emploi. Essai transformé .
Adolescente, Anissa avait constitué une équipe de filles pour participer à un tournoi de Dop de béton (DDB) avant de créer, avec un groupe d’amies, la section féminine Les Cendrillons du ghetto, qui deviendra ensuite Les meltings drop (2008), une équipe de rugby féminin bien connue.
"On est toujours resté en contact avec les filles, souligne Jean-Claude Lacassagne, coprésident de DDB. Alors on a soutenu Anissa dans sa vie. C’était une ‘‘touche-à-tout !’’ Et puis un jour, elle s’est trouvée dans l’urgence, sans logement ni travail. Nous l’avons aidé à trouver un studio à Bègles et on l’a envoyé voir Jacques Guérinet, au SAM emploi, pour trouver du travail."
Quand ce dernier a reçu la jeune femme, il avait des demandes de l’Aérocampus. "J’ai vu Anissa en octobre 2018, elle a pu commencer une formation en novembre et elle a eu son diplôme d’ajusteur monteur en aéronautique en avril dernier. Elle était prioritaire sur plusieurs offres, puis elle a rencontré Synergie au salon de l’emploi du festival Big Bang à Saint-Médard, le 14 mai, qui lui a proposé un emploi chez Dassault, à Martignas. Et elle a commencé le 20 mai." Une belle histoire grâce deux associations qui ont uni leurs forces. "Quand deux structures s’associent, on est plus efficace, d’où l’intérêt de travailler ensemble", constate Jean-Claude Lacassagne.
Les valeurs du rugby
"Quand j’étais jeune, j’allais à l’aide aux devoirs à la MJC centre-ville, se remémore Anissa. Le soir, on avait envie de rester dehors mais dans un cadre. Au début, on allait à DDB parce qu’il y avait de superbes éducateurs et c’est ce qui nous a rassemblés au rugby. Mais on a découvert des valeurs, on pouvait se défouler mais en respectant les règles. En tant qu’adolescente, pour éviter les ‘‘ennuis’’, j’essayais de ressembler à un garçon. Le rugby m’a aidé à me mettre en valeur, à découvrir mon potentiel. Ça n’a pas été facile pour ma famille mais Jean-Claude a su amener la confiance et a réussi à faire changer les mœurs par le biais du rugby. C’est un sport qui rassemble et qui apporte beaucoup, il m’a permis d’accéder à mon cursus travail."
Anissa Douaifia a traversé une période familiale difficile, mais elle a toujours gardé le moral. "Je suis rentrée à l’Epide (Établissement pour l’insertion dans l’emploi) qui m’a aidé à m’engager dans l’armée pendant trois ans. Quand je suis sortie, étant titulaire d’un BPJEPS (1), je voulais reprendre l’animation. J’ai fait six ans d’animation populaire avant de revenir à Mérignac, un peu déçue par mon dernier travail à Grenoble. Je voulais me poser, avoir des projets d’avenir. J’ai revu Jean-Claude qui m’a parlé de Jacques Guérinet que j’ai ensuite rencontré et qui m’a parlé de l’aéronautique. Pour moi c’était l’inconnu ! Je suis allée à l’Aérocampus, j’ai vu que c’était un travail valorisant et je me suis lancée. Et aujourd’hui, je suis une femme qui travaille dans un milieu d’hommes tout en étant respectée. Jacques a été hypermotivant, il savait me remettre en confiance et c’est grâce à lui que j’ai trouvé ce travail. Pendant la formation, il m’a aussi permis d’avoir les stages nécessaires."
Anissa fait aussi partie de l’association d’aide humanitaire Nimba qui proposera, dans le cadre d’un futur projet, un après-midi de cours de danses (claquette, danse latine, afro, bollywood, hip-hop…) sera organisé dimanche, à partir de 14 heures, à la MJC centre-ville (2).
(1) Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport.
(2) 15, avenue Roland-Dorgelès (mjcmerignaccentre.fr). Tarifs : 10 euros le cours, 15 euros deux cours. Réservations au 06 64 79 69 39.